L’Avent avant l’Avent, c’était comment avant ?

Aucun doute n’est possible. Les vitrines brillent de toutes sortes de décorations, les passants ont des paquets plein les mains, et la fausse neige faite de mousse blanche tapisse les encadrures des fenêtres desquelles pendent parfois des petits pères Noël. Dès le 1er décembre, tout était déjà prêt… avec quelques jours de retard ?

Il manque cette année dans les calendriers remplis de chocolats des petits enfants deux cases. Impossible pensez-vous, puisqu’en toute logique, le mois de décembre commence le 1er, et c’est ce jour là que l’on se met à traquer le numéro derrière lequel se cache une pastille de cacao sucré. Pourtant, s’il n’y a aucun doute sur le fait que le dernier mois de l’année commence le 1er, il ne saurait toutefois contenir la totalité de l’Avent.

L’Avent déborde de ses calendriers, il vient avant les premières cases, il commence en novembre. Et il y a une raison à cela. Non, ce n’est pas une magouille quelconque de revendicateurs vindicatifs avides de confiseries supplémentaires, ni une correspondance lointaine selon un calendrier astral, héritage inca oblige, qui déplacerait de quelques jours le mois de décembre que nous connaissons tous.

En réalité, le calendrier de carton que les jeunes et moins jeunes se plaisent à ouvrir ne renvoie pas à un simple mois. Il lui manque des cases sinon, une fois le 24 passé. Au contraire, il a la charge fastidieuse de mesurer le temps qui reste avant Noël, et de permettre son attente. Car il s’agit de cela : si l’Avent s’écrit d’une telle manière, ce n’est pas pour marquer une antériorité, mais bien pour appuyer l’idée d’avènement à venir.

Issu du latin adventus, soit l’arrivée, le calendrier compte les jours avant un anniversaire bien particulier, celui reconnu comme la naissance de Jésus-Christ il y a plus de deux millénaires. Et si celui-ci naquit probablement en juin quelques années avant lui-même, c’est cette date reconnue par l’Eglise qui a été gardée dans tous les foyers d’une grande partie du monde.

Avant même que les calendriers puissent être ouverts, faute de case, l’année liturgique commence, et avec elle, les crèches ressortent des cartons.


Ainsi, cette arrivée doit être préparée. Et bien que les grandes enseignes aient profité de cette période pour consacrer l’attente en une fête en partie commerciale, elle reste toutefois celle d’un cheminement. Aussi, ce dernier ne commence pas le 1er décembre, mais bien un dimanche, le quatrième avant Noël, expliquant par la-même les quatre bougies des couronnes de l’Avent. Voilà pourquoi celui-ci débute cette année un 29 novembre.

Les plus pointilleux comprennent de suite tout le caractère incomplet de leur bijou éphémère plein de surprises. Il manque des chocolats, des petits cadeaux, et pour les plus originaux, des morceaux de fromage et des bouteilles miniatures. Curieux aussi, ces journaux qui ne sont pas à la page, et qui offrent des lectures sympathiques chaque jour avec 2 de retard.

Certains ne s’y sont pas trompés, pourtant. Le Padreblog suivi par plus de 30 000 personnes sur Facebook a souhaité « un bon temps de l’Avent » dès le samedi 28 tandis que, le même jour, vent debout, les évêques appelaient partout les fidèles à se réunir dans les églises le lendemain pour les célébrations dominicales. Et si le Conseil d’Etat a depuis tranché, que le gouvernement a dû modifier ses idées initiales et que les messes pourront avoir lieu, l’Avent de cette année restera singulier.

Un Avent plus long que celui des calendriers, un Avent où les églises devront restreindre les bancs utilisables, un Avent qui appelle à se demander ce qui se passera après : aurons-nous droit à une année 2021 heureuse, comme avant ?…

Foucault Barret