Un référendum pour le climat… mais pas seulement ?

Elle faisait partie des 149 propositions de la convention citoyenne pour le climat : ajouter à la Constitution « la République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique. » Le président a donc annoncé lundi 14 décembre sa volonté de l’intégrer dans la Constitution, à travers un référendum.

Le projet de loi constitutionnelle sera transmis au conseil des ministres fin janvier en même temps que la loi Convention citoyenne. Après un passage devant l’Assemblée nationale et le Sénat pour voter le texte en des termes identiques, il sera ensuite soumis au référendum comme l’a expliqué le chef de l’État. Si le oui l’emporte, Emmanuel Macron s’inscrira comme le Président qui aura le plus agi pour l’environnement, un argument de poids dans sa possible campagne de réélection.

Un joli coup politique

Cette annonce du président n’est pas sans arrière-pensée. Elle permet en effet au président de faire taire les critiques de la part des écologistes qui lui reproche son inaction face aux urgences climatiques. Elle lui permet également de sortir la tête haute de cette convention citoyenne pour le climat. Du côté de la droite, cette annonce sera compliquée à gérer. Car si l’Assemblée Nationale votera sans aucun doute le texte, le Sénat, majoritairement à droite, devra prendre une décision : rejeter le texte et donc les impératifs environnementaux, ou l’accepter et donner une certaine légitimité à la politique présidentielle.

Le risque du référendum

Le risque majeur pour le président de la République est inhérent au référendum. En France, historiquement, il est utilisé pour plébisciter le pouvoir en place, voter oui, c’est apporter son soutien à la politique mise en place, voté contre, c’est la rejeter en bloc. Perdre un référendum c’est perdre la légitimité accordée au président. Le Général de Gaulle avait d’ailleurs démissionné au lendemain du rejet de son référendum. Depuis le non au référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005, aucun président n’en avait fait usage. Le risque pour Emmanuel Macron est que la gauche comme la droite choisissent de répondre en fonction d’autres enjeux, comme celui de l’élection présidentielle de 2022.

Romain Goudarzi