Peut-on acheter un sapin sans risquer d’être taxé de tueur de planète ?

Chaque année, on se demande si mettre un véritable arbre au milieu de son salon et de le décorer avec des guirlandes et des boules, c’est écologique. Cette tradition de Noël apparue au XIIème siècle en Alsace est aujourd’hui le fruit de nombreuses questions et débats, alors que respecter l’environnement est important pour de plus en plus de personnes. Peut-on donc acheter un sapin sans risquer d’être taxé de tueur de planète ?

Un sapin naturel prend, en fonction de son espèce, 5 à 10 ans pour atteindre la taille souhaitée. Tous ces efforts pour n’être conservé qu’un mois et pourrir dans le salon pendant deux autres avant d’être jeté au fond du jardin. Qu’est-ce qu’on en fait après de ce sapin ? Il existe plein de méthodes mais, là encore, cela ressemble à du gâchis : jeté dans les déchets verts, à la déchetterie, déposé dans un point de collecte, ramassé dans la rue… Il est aussi possible de le recycler pour le mettre dans sa cheminée, mais là encore on produit beaucoup de particules polluantes. A Lille, par exemple, les sapins sont recyclés et transformés en copeaux pour protéger les massifs. Un bon moyen de réutiliser son nordmann ou son épicéa.

Point de collecte à Lille en 2019 près du parc Jean-Baptiste Lebas. Crédit : Stéphane Mortagne pour la Voix du Nord 

Le sapin, si mauvais pour l’environnement ?

Malgré le fait que le sapin représente beaucoup d’efforts pour presque rien, sa production n’est pas aussi néfaste qu’on pourrait le penser. Ce n’est en effet pas un arbre que l’on décapite dans la nature. Ils poussent spécialement pour Noël dans des cultures, en France, dans le Morvan par exemple. Ils représentent 85% des ventes dans le pays et ce sont environ 6 millions de Français qui en achètent chaque année. Acheter local est donc possible pour éviter d’importer sa décoration de Belgique ou du Danemark, deux pays grands producteurs et exportateurs sur le continent.

Certains estiment que le fait de ne cultiver des sapins qu’à un seul endroit épuiserait les sols. La monoculture ne permet pas de créer de la diversité ou de fournir un habitat à d’autres espèces. Le traitement de la culture avec des pesticides n’arrange pas l’affaire. Les produits polluent les sols et empoisonnent les insectes et animaux vivant aux abords de la production.

Le sapin de Noël, une tradition du Moyen-Age, qui aujourd’hui pose des questions. Crédit : istock

Naturel ou artificiel ?

Faudrait-il donc préconiser l’achat d’un sapin artificiel plutôt que naturel ? La réponse est non. Si le but est de protéger l’environnement, acheter un sapin en plastique issu de la pétrochimie flanqué d’un logo « made in China » sous son tronc, n’est pas forcément la solution. Il est possible que certaines entreprises françaises fabriquent elles-mêmes leurs sapins, mais très souvent ils sont importés de Chine. L’American Christmas Tree Association (Association américaine du sapin) expose dans une étude datant de 2010 plusieurs éléments sur la meilleure façon de trouver son sapin de Noël.

Si le choix se porte sur un sapin naturel, il faudrait choisir des élevages locaux pour éviter le transport inutile et polluant de l’arbre. Ce rapport montre que conduire pour aller chercher ce dernier a plus d’impact que le sapin en lui-même. Si le choix se porte sur la version artificielle, il faut le garder de 10 à 20 ans pour avoir un bilan carbone similaire au naturel, sachant que ce genre de décorations plastiques ne survivent pas jusque-là. Une étude canadienne de 2009 a montré que le sapin naturel produit en moyenne 3,1 kg de CO2 contre 8,1 kg pour un sapin artificiel.

Des alternatives et des solutions

Il existe de nombreuses alternatives pour tous ceux qui souhaitent avoir un sapin où déposer les cadeaux. Certaines entreprises comme Botanic, Truffaut ou bien Gamme vert proposent des arbres en pot pour pouvoir le replanter après Noël pour continuer son cycle de vie. Plusieurs labels existent aussi pour ceux qui veulent être sûrs de la provenance de la plante. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation explique que lorsqu’un sapin est label rouge, il doit respecter certaines conditions sur sa culture, sa coupe (pas avant fin novembre), son conditionnement et son expédition. D’autres préfèrent tout de même le fait main : en bois, en métal, en carton, en papier… Tout est possible. C’est le moyen de s’amuser et d’être créatif tout en évitant la pollution d’un sapin plus classique.

Alors, même si l’effet nature avec le sapin DIY ne sera peut-être pas là, ne vous inquiétez pas, le Père Noël saura toujours où mettre les cadeaux

Margaux Chauvineau